J'arrive vers le bois situe au nord-ouest de Paimbœuf, et me rends rapidement compte que c'est un lieu tres tranquille, d'ou on peut admirer la vue sur la raffinerie de donges, ou regarder les bateaux passer. On trouve peu d’aménagements a cet endroit de la ville, meme si l'on est toujours tres proche du centre-ville. Le port a sec participe a cet effet d’immobilité : les bateaux sont ranges les uns contre les autres, et plus personne ne viendra les chercher aujourd'hui. Un seul bateau semble pouvoir se dégager de cet immobilisme, mais son attache a la berge l’empêche de faire trop de zèle. Le courant et la marée s’opposent, et une petite balise, qui sert surement de signalisation, semble arbitrer ce duel tres tranquillement. Meme le banc, qui n’est pas un objet particulièrement actif en général, me paraît ici particulièrement immobile. Peut-être que son aspect monolithique renforce mon impression : sur ce quai, tout est tranquille. Un dernier élément de ce décor se fait discret entre les arbres : c’est qu’à l’origine, cette tour se dressait fièrement au bord de la Loire pour servir de repère aux marins qui passaient. Seulement les remblais successifs de la Loire et l’aménagement de ce bout de la ville ont laissé la tour à demi ensevelie, et les arbres ont aujourd’hui poussé autours d’elle. Ce n’est pas que l’endroit est figé dans le temps; mais plutôt que le quai a l’air d’être fait pour ces objets plutôt que pour les personnes qui les croisent. Mon protocole de prise de vue consistait à mettre l’objet en question au centre de mon cadre, avec le moins d’éléments possible autours de lui. L’idée était de rendre compte du caractère inanimé de l’endroit en utilisant une lumière neutre et toujours semblable (difficile en fin de journée, d’où certaines retouches ensuite). Le format carré, le cadrage strict et la lumière neutre sont choisis pour montrer ces objets pour ce qu’ils sont, et non pour la manière dont ils nous apparaissent (sous un bon angle ou avec un coucher de soleil par exemple).
Cette suite de photographies raconte le parcours effectué pour aller jusqu’au cadrage attribué de la carte de Paimboeuf. On rentre dans le camping de l’estuaire, il n’y avait personne à l’accueil à cette heure. Étonnamment, quelques bungalows sont encore occupés, des voitures sont garées. Dans ce lieu, les marques d’urbanisation comme les lampadaires semblent déplacées. Arrivés à la limite du camping, on escalade le grillage qui le ceinture. De l’autre côté, on est directement happés par la vue sur la grosse raffinerie de Donges sur l’autre rive. Le soleil est presque au couchant et les tours s’illuminent et clignotent. La lumière est très belle, les couleurs sont froides. On commence à faire le tour de l’endroit. On tombe sur une sorte de petite tourelle. En réalité, c’est un phare de trente mètre qui s’est retrouvé partiellement enseveli avec les remblais.
Arrivée, Je me retrouve devant une clôture électrifiée qui empêche le reste de ma visite. Je me contente donc de rester derrière afin de découvrir ce morceau de terre. C’est une très grande plaine qui se dévoile à moi laissant s’échapper les bribes de grues derrière la brume lointaine, derrière les pins maritimes se cache une petite plage. Le pic d’un clocher et quelques toitures de la ville voisine dépassent de l’horizon. L’étable en bois qui se trouve sur ma droite abrite les chevaux qui broutent au loin au soleil. Le pelouse est encore humide de la pluie et le ciel lourd offre une lumière chaude qui par moment se cache derrière les nuages blancs.
Aux limites de la ville de Paimboeuf, se trouvent des prairies humides. Ces territoires aujourd’hui vacants n’ont jamais été urbanisés en raison de la qualité particulière de leurs sols. Ceci rend la présence humaine assez rare si on ne compte pas les voitures qui roulent sur la départementale et les maisons éparpillées et très éloignées comptées sur le bout des doigts. Cependant, malgré l’absence quasi-totale des humains dans ces lieux, on peut se rendre compte de leurs passages ponctuels et éphémères, par le biais des traces qu’ils laissent derrière eux. La nature est contrôlée; les terrains sont quadrillés et divisés en plusieurs petits terrains entourés de clôtures végétales ou artificielles, l’herbe a l’air d’être régulièrement entretenue. Une ligne tracée sur le sol me fait penser à un vélo qui a du passer par là. Ces espaces interstitiels entre les «pleins» qui sont Paimboeuf et Corsept dans ce cas, sont des espaces transitoires de «passage» comme peuvent en témoigner les éléments cités précédemment.
Arrivée sur le morceau des prairies de Corsept qui m’était attribué, je me suis intéressée aux éléments singuliers qui dessinent le paysage : linéaires ou ponctuels, traces témoins d’une présence humaine ou de son absence. Ces éléments nous placent au cours de la déambulation dans un aller-retour constant entre échelles micro et macroscopiques. On remarque ici une barrière, là des petites fleurs, puis la trace supposée d’un vélo ou d’une moto, qui guide notre regard à travers l’étendue verte des prairies humides jusqu’à perte de vue. C’est aussi un dialogue entre une horizontalité écrasante et des verticalités singulières et limitées, qui se dégage de ce lieu où la végétation et les artefacts dessinent une skyline calquée sur l’horizon terrestre. C’est aussi un dialogue entre une horizontalité écrasante et des verticalités singulières et limitées, qui se dégage de ce lieu où la végétation et les artefacts dessinent une skyline calquée sur l’horizon terrestre. Tout nous ramène au sol.
Le bateau approcha Paimboeuf et mon regard s’est bloqué sur les immenses bâtiments de production industrielle recouverts par la brume, qui se retrouvaient de l’autre côté de la rive. Il y avait une sorte de contradiction constante entre les petites maisons pittoresques du village entourées de grands arbres et les grandes usines qui dessinent le paysage. Une fois arrivée sur mon site, un petit bout de la pointe la plus au Nord de Paimboeuf, le paysage industriel s’imposait directement. Les bâtiments étaient parallèles à moi, et je me retrouvai le plus proche possible que je pouvais me trouver d’eux à Paimboeuf. La brume commença à partir et des grands nuages gris se sont installés sur les bâtiments alors que je me retrouvais sous de chaleureux rayons de soleil. L’eau de la Loire était vert clair à mes pieds mais une fois arrivée à l’autre côté de la côte elle était presque bleu marine, comme si quelque chose d’autre que la Loire séparait Paimboeuf de ces usines. Le soleil, la pluie ou peut être le vent. Les nuages avançaient peu à peu jusqu’au moment où seulement l’autre côté de la rive se retrouvait sous la lumière du soleil, la Loire était teintée de bleu obscur, et le vent provoquait des vagues. J’étais sur la côte, au bord de la mer. Grâce à la lumière j’ai pu regarder avec plus de détail l’usine devant moi, la regarder de proche avec le zoom de ma caméra me forçait à me questionner sur mon avis sur elle. En ville on n’est jamais confronté à regarder une usine d’une telle ampleur, normalement elles sont cachées du public. Pourtant celle-ci marquait le paysage. Le vent allait de plus en plus vite et avec lui la brume et les nuages étaient de retour. Une ambiance mystique s’installait autour du site, comme si ces usines étaient un château lointain d’un film de fantaisie et un méchant se trouvait de l’autre côté de la rive. J’ai été obligée de quitter mon site à cause du grain mais cette image mystérieuse est restée ancrée dans ma tête, c’est ainsi que j’ai décidé d’y retourner une dernière fois avant de partir. Avec le soleil couchant, une lumière rose et bleue claire s’installait dans le paysage, la tempête était passée, les usines s’incorporaient avec le paysage, l’air était frais. Un climat serein s’installait après une longue journée de marche. En montant dans l’autocar, le ciel devint noir, et les lumières de l’usine maintenant lointaines se sont allumées, lui donnant une image de ville utopique inatteignable.
S’abandonner. Un jeu de lignes s’opère entre la rive droite de l’estuaire, qui crée une ligne horizontale ; et les résineux et mats de bateaux qui s’érigent comme des bornes, à la verticale. Ces bornes sont sûrement essentielles pour ne pas être submergé par un sentiment de solitude, et donne des repères sur lesquels l’œil peut s’appuyer pour se situer. Autre repère, la girouette, postée au bord de l’estuaire, prend la forme d’une croix. Comme si les conditions météo, l’océan et ses vents, guidaient le rythme de vie de Paimbœuf. La finesse de l’élément contraste avec le danger que représente les courants qui se trouvent juste derrière sa silhouette.
Un espace calme, lent, encadré par deux départementales, limites physiques et sonores. On ressent les périodes d’urbanisation à la seule vue des façades de maisons. L’ambiance est calme, lente, glissante. Le peu d’habitants rencontrés vaquent à leurs occupations en prenant leur temps. Tout est figé, à l’image du cimetière présent sur le site. Un seul sens est en permanence sollicité : l’ouïe. Il s’y trouve un château d’eau qui domine non pas par sa taille, mais par son bruit. Les antennes hertziennes installées là bourdonne avec le vent des marais qui frappent le rocher de Paimboeuf. D’après un habitant, c’est une constante dans le quartier, c’est assourdissant. C’est frappant, ce château d’eau ne surplombe pas le quartier visuellement, mais auditivement. Cette série de photo essaye de transmettre cette impression de calme tout en étant constamment pris par le sifflement continue du château d’eau.
Assigné à un cimetière, j’ai tenté de saisir l’opportunité de faire des «portraits» des multiples figures que l’on peut trouver sur les tombes. Ici, Jésus regardant au ciel. J’ai voulu cader cette photo de près pour mettre en avant son visage, son expression, figée dans sa mélancolie. Pour cette autre photo, j’ai voulu approcher de façon plus plastique les statuettes. La lumière très diffuse qu’il y avait cet après-midi rendait les crucifix de bronze très lisses et fuligineux. La photographie, très zoomée, tend a capter la matérialité particulière de la statue. La route départementale qui scinde ma zone forme une frontière entre urbain et prairie. L’arc formé par ces arbres semble «architecturer» un passage entre ces deux zones imperméables. Le camion arrivant par la droite est passé au moment ou je prenais la photo, il apporte à mon sens une dimension sonore à l’image.
En prenant la D114 on arrive aux limites de la ville de Paimbœuf, les champs tout autour n’en font pas partie. Une seule petite maison au bord de la route. Je passe à côté mais je ne m’arrête pas. Deux chemins bordés d’arbres, le premier vers un champ, le deuxième vers une déchèterie sauvage. Sans aucune piste de compréhension quant à l’usage des champs je décide de demander. Ne croisant que des voitures, je vais vers la maison, où après avoir frappé à la porte, une vieille dame ouvre sa fenêtre. La réponse : “du foin”. En conclusion, des voitures, des vues de la ville, des déchets et du foin, c’est ce qu’on trouve ici.
Un des points ayant été soulevé lors de notre voyage sur Paimbeuf c’est l’absence de centre ville dans Cette Commune. En effet ,vu son historique ainsi que l’évolution de la densification au cours des siècles ,nous voyons un tissus très dense ne laissant pas apparaître d’espace tampon symbolisant une centralité. Cependant ma zone d’étude et de prise de photo représente selon moi cette centralité. En effet caractérisé par cet espace longeant le littoral et ou divers choses peuvent êtres décrites à savoir, les bâtiments profitant d’une vue sur la mer (la mairie de paimboeuf), les arbres et cette végétation longeant cette voie composé de résineux de très grands gabarits créant un cadre discret et convivial, un trafic et stationnement plus mouvementée que le reste de la ville, un parc aménagée abritant des monuments et oeuvres et ou les gens se promènent avec leurs animaux ou jouent au pétanque ou tout simplement contemple l’horizon.
Cinq photos. Un protocole « non-protocole ». Déambuler en restant la plus disponible possible, dans une démarche d’orbservation ouverte et presque innocente finalement. Ainsi, les photos sélectionnées semblent au premier abord déliées les unes des autres. Elles se rapportent in fine à ce qu’on pourrait qualifier d’ « architecture de l’imaginaire ». En effet, chacune d’elle a provoqué chez moi un processus de réflexion ou m’a évoquée un souvenir particulier. Toutes ont suscité une réaction plus ou moins sentimentale, dans cette petite ville que je n’avais pourtant jamais visité auparavant. Ainsi, ces photos peuvent à la fois se lire indépendamment mais fonctionnent également comme un tout faisant appel à la sensibilité de chacun. Cette image représente les vitraux situés dans le bras gauche du transept de l’église néo-byzantine de Paimboeuf. Globalement très riche en décors muraux et jeux d’ombres et de lumières, ceux-ci m’ont particulièrement évoquée une image du film d’animation Azur et Asmar (long métrage français de Michel Ocelot sorti en 2006). Il s’agit d’un conte oriental d’une très grande profondeur poétique, dont les images flamboyantes et très fines m’ont toujours émerveillée étant petite, je dirais même encore aujourd’hui. Rue Bel Air (zone C2). Ce cadrage met en scène un jardin privé dans lequel se donnent en spectacle nains de jardin, clochettes qui tintent sous l’action du vent, statuettes, assiettes décorées et poteries en tous genres. Ce jardin est habité de la même façon que celui de mes grands-parents, qui passent de longues heures à chérir les massifs de fleurs et autres décorations personnelles. Ce jardin qui me paraissait infini et presque tropical étant petite a été le théâtre de mes après-midis de vacances, à sentir et effleurer du bout des doigts les pétales des centaines de fleurs, à dessiner les chatons qui jouaient dans les plantes... Cette image m’inspire un soleil couchant isolé en mer (ou dans la Loire en l’occurrence). Ce qui est troublant au premier coup d’oeil est que le ciel, grisâtre, ne correspond pas à l’ambiance lumineuse des couchers de soleil que l’on connaît. Ce «soleil» semble se noyer dans le courant agité du grand fleuve. Il s’agit en fait d’une bouée fluorescente qui est là pour guider les marins, au même titre qu’un autre élément du ciel : non pas le soleil mais les étoiles. Celle-ci pourrait être tirée d’un film post-apocalyptique style Tchernobyl ou Ready Player One. Personnellement en plein dans la tempête sur la terre ferme, cette photo prise à la hâte met en scène la raffinerie de Donges sous le brouillard, telle une cité ayant succombé aux excès de quête de pouvoir et de profit des dirigeants que l’on peut voir aujourd’hui. Les embruns créés par le courant de la Loire et le vent ajoutent à cette scène une dimension encore plus menaçante, comme des douves tumultueuses qui dissuaderaient de poser un pied sur cette terre qui serait, dans l’imaginaire, «corrompue». Sur les quais, plusieurs petites maisons ou commerces décorés d’un thème particulier font face au front de Loire. Ici, le thème semble être des fragments de meubles en bois (dos de chaises, pieds de tables, de fauteuils, de rocking-chair, ...). Et, trônant fièrement, dans un cadre formé d’une ancienne caisse en bois, un minion, personnage anachronique venant rapporter de la légèreté : il nous rappelle que la vie est un jeu, et qu’il ne faudrait pas se prendre trop au sérieux.
L'échelle est un jeu de regard. Ce qui nous parait insignifiant, infiniment petit - si ce n'est invisible - n'est qualifié comme tel que dans nos yeux d'habitués de l'espace public, ou l'on s'accommode distraitement du lieu que l'on parcourt. Lorsque que l'on décide de faire du franchissement un temps dédié au arpentage, cette insignifiance se révèle riche de surprises - voire mame d'inédit. Par ailleurs, les et bornes que l'on préconçoit semblent lå encore être une affaire d'habitude, et témoignent de notre tendance humaine å la fainéantise cognitive. II est en effet plus simple de concevoir ou d'affirmer qu'untel vit ici ou lå, que sa propriété s'arrête ici, que son contour se lit comme ci, que son univers s'achève comme F, précisément où cela a été réglementé, dans le respect de ce qui est normé.Dans la réalité, les contours débordent, offrent des porosités, laissent entrevoir toutes ces réalités, font dépasser l'intimité et reflètent un système. Un système qui fonctionne en synergie, prenant la forme d'un quartier peuplé (et oui peuplé ! de gens pourtant bien cachés aux volets bien fermés)... Un quartier néanmoins soigneusement délimité par des riverains soucieux de leur sanctuaire privé factice, dont on aperçoit si l'on se montre curieux tous les menus détails å travers la barrière. Mais peut-on vraiment reprocher au tout un chacun de souhaiter investir sélectivement les espaces 0b l'on lui autorise, et 0b il se sent sécure ? L'hermétisme primaire observé ne serait-il finalement pas une résultante d'un problème tourné å l'envers... II est vrai que l'on habite l'espace autant qu'il nous habite, le domaine public a alors tout le potentiel d'un deuxième chez soi... Reste encore å le révéler, å travers le judas des citoyens les plus raisonnablement indiscrets.
Un endroit caractérisé par la rencontre de la ville et la nature. Il y a seulement une rue qui sépare une dernière rangée de maison de champs. Je marche sur une chemin, qui est entourer de deux canaux et des champs. Je suis en train de sortir la ville, d’autant plus le bruit des voitures diminuent. Par contre il commence à pleuvoir plus et le vent augmente en force. Dans les champs, il n’ y a plus guère des protections contre la pluie, parce que les bâtiments et une baraque sont plus loin. Je ne me sent pas accueil. Le vent renforce. D’abord mon parapluie m’envole est après ma carte de ma parcelle m’envole aussi. Quand je ramasse mes choses, je me retourne en direction de la ville. Je vois la silhouette de Paimbœuf, qui se trouve derrière un rideau de pluie. Après mes vêtements sont détrempés je reviens à la ville. Le bruit des voitures gagne en intensité.Je me demande comment ce endroit rendre un jour sans pluie.
En arrivant sur le seul accès de mon site, le chemins cahoteux, la perspective me frappe. Les plantes sont basse, on voit très loin, jusqu’ailleurs. Les restes de pluie illuminent la campagne. Le premier objet qui m’interpelle est la palette dans le fossé. La palette est jeté entre quelque poteaux, souvenir d’un ancien pont de fortune. Peut-être projet d’un après-midi ensoleillée d’une bande d’enfants.... Rêve d’enfants partagés par toutes les générations. Cela me rappelle les après-midi pluvieux d’automne, où, bottéE et en kway, j’étais enfin autorisée à partir construire une cabane dans le champ avoisinant. Cabane de fortune à base de palettes tétaniques, chutes de bardage de plastique et autre tôle rouillée. Cabane et pont, lieux d’alliance et trahison, façon la guerre des boutons. Lieu de discrimination. Secouer la tête, oublier, ne pas trop rappeler du passé. J’avance dans cette longue perspective. La météo est très changeante. Elle s’assombrit. Les vaches m’ignorent royalement, méprisantes. J’aime pas les vaches, l’une d’entre elle a tuée mon arrière grand père. Un camion me klaxonne, exigeant que je dégage la route. Je ne l’avais pas entendu arrivé, assourdie par le vent et les petites pluies intermittentes. Le camion se rend à la station d’épuration. Le camion repasse, je m’écarte, chacun reprend sa route. Des nuages sombres sont apparus, menaçant de pluie. Le vent se renforçant et menaça de me pousser dans le fossé. La scène paisible se transforme en tempête et orage. J’ai peur que des éclairs apparaissent. Je refuse de mourir une mort idiote. Je cours hors du champs, seule face à la force de la nature. Quand j’arrive sur la parcelle de Clarissa, enfin le vent se calme et je jette dernier coup d’oeil au site. Un au revoir comme à la mer.
La matière peut-elle témoigner d’un passé ? Est-ce que cette échelle rapprochée ne permet-elle pas de comprendre cette ville et son histoire ? Etudier la ville en zoomant sur ce qui la constitue. Au travers de cette recherche pictural, la matière prend sens. Elle établit un dialogue entre le visiteur ou le spectateur et nous fait le récit de cette ville qui vieillit qui perd de son dynamisme à l’image de cet engrenage. “Le mécanisme est grippé” la ville est figée comme fixée dans le temps. Ce temps qui s’éternise et qui peu à peu grignote cette vitalité urbaine qui faisait l’âme de Paimboeuf. La vitalité se mue en silence et bientôt nous entendons les gouttes d’eaux ruisseler sur les murs. Une pause qui s’éternise malgré l’action des habitant, faisant apparaitre le vivant comme seule barrière à la cristallisation de cette ville. La matière comme support d’expression
Ces 5 photographies soulèvent ma démarche lors de ma déambulation dans un secteur de Paimboeuf. A travers un portail, un grillage, une vitre, j’observe, j‘entends, j’analyse. J’observe l’absence de personnes, l’abandon de livres et avec lui celui du savoir, les travaux de désamiantage, la complexité de l’organisation urbaine aux entremêlements sociaux-spatiaux, l’absence de perspective concrète d’un passage clos physiquement mais ouvert visuellement.n J’entends des paroles pleines d’envies et d’idées mais aucune actions pour suivre ces projets. J’observe aussi la beauté d’une ville fantôme -sous la pluie- où les gouttes, la poussière et le danger pousse tout aventurier à rester chez lui. J’analyse une frustration architecturale, un manque de dynamisme, une commune aux ressources multiples et au potentiel prometteur mais stoppée dans son élan, comme en pause dans le temps.
Paimboeuf est aujourd’hui une ville en perte de vitesse flagrante avec moins de 3500 habitants mais fût autrefois la deuxième plus grande ville de la région derrière Nantes au 19 ème siècle alors que le commerce maritime battait son plein entre les Amériques et l’Europe. Paimboeuf était alors la ville maritime phare à l’embouchure de la Loire et a alors connu une rapide extension notamment avec la construction de nombreuses grandes maisons d’armateurs. Aujourd’hui, ces vestiges de son passé glorieux sont encore présent et la ville a peu évolué depuis cette époque, étant presque comme restée figée dans le temps. Notamment, un élément spécifique, la porte, traduit cette sensation et refait surgir ce caractère plus ancien.
Lorsque je me suis baladée dans ce quartier résidentiel des années 50, les lieux semblaient déserts, abandonnés, par une population qui aurait fuit en prévision d’une catastrophe ou d’une tempête, les objets du quotidien laissés tels quels dans les jardins, aux abords des maisons. Depuis combien de temps, les gens, étaient-ils partis ? Impossible de le savoir. Les lieux semblaient presque figés dans le passé, dans les années 50-60. Le ciel gris et inquiétant, le seul bruit du vent, la solitude que je ressentais m’ont plongés dans une ambiance assez étrange voire austère. Je pouvais tout voir de l’intimité des habitations, aucun filtre, aucune barrière, rien qu’un grillage fin laissant totalement entrevoir le bazar, le fouillis, le chaos des objets entassés dans les jardins. En déambulant, je me suis retrouvée face a une belle et agréable étendue verte, de l’autre côté de la route, vide elle aussi. Je me serais bien assise à l’abris des arbres pour m’imprégner quelques instants de la sensation de calme et de sérénité qui se dégageait de cet endroit. Mais c’est finalement l’autre côté de la route qui a saisi mon attention. Ce brouhaha visuel. Je me suis alors peu à peu fascinée pour ce brut, cet ordinaire. Dans un quartier où les maisons se ressemblent et se font toutes écho les unes aux autres, les pelouses non tondues, les voitures, fils à linge, rideaux en dentelle, barbecues, chaises, tables, vêtements, les antennes comme rajoutées de manière rudimentaire aux habitations sont tant d’éléments qui viennent agrémenter l’espace pour créer un patchwork visuel donnant une identité à cet endroit. Au travers de mes photos, j’ai voulu saisir l’ordinaire, la beauté de ce brut. De petits détails tels que des parterres de fleurs, des niches pour les oiseaux, des abris pour les poules, des touches de couleurs parsemées dans les jardins me font réaliser que les habitants ont tout simplement essayé de faire avec le peu qu’ils ont pour redonner de la vie à cet espace. Je me suis trompée, le quartier n’est pas déserté, je croise finalement deux habitants, âgés qui me parlent tous deux du temps passé. L’un se remémorant son ancienne activité de photographe, l’autre nostalgique du dynamisme passé de Paimboeuf. Je fais alors le lien entre la nostalgie du temps passé dans l’esprit des gens et la sensation de figé dans le temps que j’ai eu du quartier. Ce lieu m’a captivé car il m’a permis de voir et de comprendre la beauté de l’ordinaire et du quotidien. Tout n’est certes pas parfait, c’est un pèle mêle d’éléments, un patchwork qui témoignent d’un mode de vie simple et c’est ce que j’ai voulu retranscrire au travers de mes photos.
Un arrêt de transport pour qui?
Une voie de chemin de fer pour aller où ?
Une passerelle vraiment efficace ?
Une hétérogénéité de la nature ?
Doit-on acheter le végétal ?
Les lois de la nature engendrent quelques fois des actions inexpliquées qui nous dépassent, pour lesquelles il faudrait s’intéresser à leur essence même. Avec la mondialisation, le rapprochement des Hommes par les avancées technologiques sur les transports, les grandes firmes nationales voire même mondiales, de nouvelles actions inattendues se produisent. La nature, malgré qu’ici elle soit guidée préalablement par l’Homme, est impactée par ces avancées. Ainsi, à première vue, un arrêt de bus se retrouve à l’abord d’un champ. Une voie de chemin de fer nous emmène non plus vers un autre arrêt mais vers la nature. Des passerelles de fortune sont crées pour essayer de dompter les désir précédant de l’Homme. Des situations saugrenues se produisent donc à notre égard et à celui de celle que nous avons essayé de dicter.
La gare est un lieu laissé à l’abandon depuis plus de trente ans. Ainsi, la façon dont la nature reprend ses droits sur cette infrastructure humaine m’a directement intriguée et interpellée. Je me suis alors permis de déambuler parmi les arbres et les rails, de photographier cette action douce et lente, semée d’embûches. En effet, du début à la fin, le chemin n’a pas été facilité par la situation, se faufiler et dévier était essentiel.D’abord une photo du constat de la situation et le début de mon intrigue ; ensuite, une vision assurée sur cet arbre centré dans cette structure ; après, envahie par les feuilles et les branches les rails cherchent leur place, ou plutôt moi ? ; puis je l’ai retrouvé sous la mousse et les feuilles ; enfin, le temps du jour révèle, dans le ciel, une autre intervention humaine, lorsqu’on se pense finalement sortis de cette jungle. Une trame s’est dessinée sur le tiers haut de chacune des cinq photographies, comme un horizon parfois traversé, mais qui reste présent. La touche de nature plus ou moins subtile, ainsi que celle de l’humain, en ressortent.
A deux pas du collège Louise Michel se trouve un quartier d’habitation. Après avoir quitté les quais et être passé devant l’ancienne gare, j’ai accédé au quartier par le boulevard de l’Astrolabe. Arrivant sous la pluie, il sembla monotone, désert et silencieux. La régularité règne, appuyée par les bosquets plantés et les places de stationnement qui rythme la rue, tout comme les pavillons qui se suivent. Les seules fausses notes sont les terrains en construction, qui semble être des trous que l’on attend de combler. Cette impression est présente dans la deuxième photo, où nous pouvons voir l’arrière une maison, mise à nu. Avec la dernière photo, qui est prise dans un chemin discret derrière le boulevard, nous découvrons des appropriations des maison, avec des serres et des jeux d’enfant.Les photos sont prises en ration 3:4, format paysage, et donnant une place importante au ciel en lui accordant la moitié supérieure du cadre. De plus, je me suis intéressé au vide présent sur mon secteur, ils sont ainsi centrés sur l’image et cadrés par le bâti des alentours. Enfin, ces espaces négatifs s’associent à la végétation et prennent une part non négligeable du cadre.
Les quartiers pavillonnaires de Paimboeuf sont à deux pas du centre ville. Ces quartiers, généralement mis à l’écart, sont contraints ici de venir s’apposer à Paimboeuf à cause du cerclage de la ville par la départementale et viennent remplir l’espace entre la vieille ville et les prairies. Paimboeuf est une ville qui offre au passant une variété de petits passages, de grandes rues, de recoins et d’allées très ouvertes se prolongeant à l’horizon. Cette série de photo dévoile tous les petits « entre-deux » du quartier pavillonnaire à travers ses allées, ses contours, ses délimitations, ses bordures, ses petits chemins qui traversent le quartier, ses impasses et ses grandes rues. La présence des maisons est discrète, dépassant légèrement des haies ou se devinant par la présence d’un grillage et n’occupe qu’une très faible portion des photographies.
Ce récit photographique relate la découverte du site qui m’a été attribué à Paimbœuf. J’ai choisi de l’aborder sous l’angle du parcours car il retranscrit fidèlement mon expérience sur place. Mon trajet commence au niveau d’un carrefour sur la départementale. L’asphalte s’arrête de manière abrupte à l’intersection qui mène vers la parcelle. Au delà, un paysage d’herbes hautes et de prairie s’offre à mes yeux. Je m’y engage et traverse avec beaucoup de difficulté la végétation fournie, espérant atteindre les pâturages que je devine au loin. Malheureusement, un ruisseau m’empêche d’aller plus loin. Sur l’autre rive, un barrage coupe le deuxième bras du cours d’eau. Impossible de passer par là, à moins de traverser à la nage. Je rebrousse donc chemin pour trouver un autre passage. J’emprunte un sentier entre les arbres avant de tomber sur une fine bande de terre barrée de fils barbelés qui enjambe le ruisseau. Une fois de l’autre côté, je traverse le barrage et je me retrouve seul au milieu d’un immense pâturage qui s’étend sans interruption jusqu’a la commune de Saint-Viaud, qu’on devine par son clocher. Plus tard, en faisant quelques recherches, j’apprends que le barrage et les barbelés visent à protéger le parc naturel attenant à la prairie.
Un après-midi d’automne... alors que les nuages couvraient pleinement le ciel Paimblotin et qu’une ambiance lumineuse grisâtre se propageait... un tableau pittoresque se dessinait face à moi... des chemins de sentiers battus incertains sillonant un petit ruisseau d’eau semblait indiquer une voie mystérieuse... Où vais-je ? Que vais-je trouver ? ... Un sentiment d’excitation m’envahit alors et je décidai de suivre la voie vers l’inconnu. Sur mon chemin, je croisai des plantes sauvages qui émergeaient du sol, des buissons qui se fusionnaient à l’eau du ruisseau.... le dépaysement.... et ainsi le mystère continuait... Puis... Où suis-je ? C’est ici ? Une immense prairie s’offrait à moi. Tout semblait si vaste et si grand, la ligne d’horizon se dessinait avec une grande finesse au loin; si beau et si sauvage, des herbes avaient déjà camouflé un chemin de sentiers battus et prenaient vie dans l’espace; tout était si verdoyant que naissait un contraste avec le vide grisâtre du ciel. Des gouttes de pluie touchèrent alors ma peau et le vent commença à souffler très fort sur mon carnet alors je fuis cet havre pittoresque où j’ai pu trouver le temps d’un instant... La paix.
La barrière présente en premier plan sur les trois premières images, est une production humaine, aménagée volontairement à cet endroit afin que des aventurier.es comme moi ne puissent pas traverser. De la même manière que le ruisseau, elle marque un arrêt, une pause qui s’impose au passant aussi bien dans la trajectoire de ses pas que dans celle de son regard. Pour un court instant, le paysage en face disparait.

Passer d’une propriété bien délimitée par plusieurs murets à un amoncellement de jardins séparés l’un de l’autre par de simples poteaux de bos et du fil de fer, donne l’impression d’entrer dans l’intimité des habitants. Nous sommes voisins, pour un temps. Sans d’ailleurs qu’il soit possible de se situer dans le temps à l’aide des photos prises. Ces maisons avec jardin, ce passage étroit, ce mur de pierre enfin, qui attise la curiosité du plus simple passant, n’entrent pas dans un temps défini. Inconnu sans doute, et alors intemporel. Donner une mémoire à ce lieu sans y habiter n’a pas de sens. Il est trop intime

Durant la découverte du territoire qui m’était dédié, j’ai été sensible à la question de l’aménagement, en lien avec le thème « habiter ». Cela pose en effet question de « qui ? » et de « comment ? », englobant ainsi plusieurs acteurs et différentes échelles. Nous avons tous un impact sur le paysage, aussi petit qu’il soit. J’ai disposé mes photos dans l’ordre de ma déambulation. D’abord, j’ai été confrontée à l’espace public, aménagé pour être UTILISÉ d’une manière précise en proposant divers moyens et équipements. Ici sont mis en avant l’accessibilité et les loisirs. Un noeud de flux est présent à cet endroit : piétons, cyclistes, routiers partagent le même espace, tout près d’équipements sportifs: un terrain de basket sur un grand espace vert. Ensuite j’ai découvert deux résidences identiques qui abritent un centre médical et des logements privés avec terrasses ou petits jardins. Là, on remarque notamment comment les résidents HABITENT leurs espaces extérieurs. Ils se les ont appropriés tous différemment : certains vont en faire l’extension de leur intérieur en y mettant du mobilier pour manger par exemple, ou des sofas, et d’autres vont les considérer comme des jardins à part entière en les végétalisant. Ensuite vient la question du local face au national. Deux échelles bien distinctes. Devant le Super U, enseigne commerciale traduisant la consommation et l’universalisation des produits, se trouve un rond-point surmonté d’un statue rappelant le local de Paimboeuf. Les deux éléments côté à côté produisent un contraste assez frappant. L’espace semble avoir été REPENSÉ pour marquer l’identité Paimblotine de ce secteur, qui, a priori, aurait pu correspondre à n’importe quelle commune française... Tout à côté du rond-point, il y a un grand parking totalement DÉLAISSÉ. Comment pouvons-nous abandonner et gâcher un territoire qui est devenue aujourd’hui une plateforme goudronnée sur laquelle la nature reprend ses droits ? Plus loin, une autre forme d’appropriation est révélée en façade de maisons jumelées : chaque foyer PERSONNALISE sa maison. On trouve alors une diversité au sein de l’unité, une unité délivrée par un aménagement pensé à l’échelle du quartier puisque tous les pavillons des rues avoisinantes ont été élaborés suivant les mêmes principes: maisons mitoyennes en miroir par rapport au voisin.

Des paysages, aussi similaires qu’ils soient dans leurs vues d’ensembles, se révèlent peu à peu lorsque l’on s’y plonge dans les détails. Les singularités émergent et s’écrient, clamant l’attention de l’observateur diligent. Ce dernier, étourdi, ne sachant où piocher son détail original, son cliché salvateur, son acte authentique, se tourna donc vers le banal, le simple. Et découvre un fil d’Ariane, qui, minutieusement déroulé se trouve être en lui même une singularité. A travers l’unité et la masse informe de plantes et d’arbustes et de ronces, il en sort un horizon clair, entre ciel et terre, il suffisait de tourner sur lui même, se dit-il.


Je regarde
Paysage terne, vents glacials, environnement austère.
Champ infiniment assommant, déplaisant, discordant.
Quelle histoire puis-je raconter ? Où se cache cette beauté dont on m’a tant parlé ?
Je regarde
Quelques habitations isolées, esseulées, désespérées
Je les vois repoussantes mais elles me dévisagent, indifférentes.
Que se passe-t-il ? Que n’ai-je pas compris ? Que fallait-il comprendre ?

J’ai toujours été attirée par l’interdit. Ma curiosité me pousse, chaque fois, à franchir les barrières qui se dressent devant moi.
Un énorme panneau rouge sur lequel il est inscrit en grandes lettres blanches “INTERDIT AU PUBLIC” me fait face. Je regarde à droite, à gauche, personne. Je me rapproche alors d’une énorme barrière en tôles taguée et tente par tous les moyens d’apercevoir ce qu’elle garde secret. A travers une petite fente, je distingue quelques bâtiments à l’allure vétuste. Sont-ils abandonnés ? Combien y en t-il ? Il faut que j’aille voir d’un peu plus près. En contournant le terrain, les immenses barrières disparaissent au profit d’un grillage bien plus aéré. Parfait. A travers quelques bouts de ferraille recouverts de végétation j’aperçois un bâtiment industriel aux fenêtres brisées. Aucun doute, il est abandonné. Serait-ce un bâtiment d’une ancienne usine ? Je dois passer de l’autre côté pour en savoir plus. En longeant les limites du terrain je tombe nez à nez avec une porte métallique largement ouverte. La faille idéale. Au final, je n’aurai qu’à dire que je n’ai jamais vu le panneau et que ce n’est pas de ma faute, la porte m’invitait à rentrer. Je franchis le premier pas et me retrouve face à une pancarte “Site Sous Vidéo Surveillance”. J’hésite. Je me retourne. Personne. Je continue mon chemin. Je me faufile jusqu’au premier bâtiment auquel manque une poignée de porte. Le trou me permet de jeter un oeil à l’intérieur. Des lavabos, des casiers, des affaires, sans doute un ancien vestiaire. Je poursuis mon exploration, des tags et des affaires me font comprendre que je ne suis pas la première à découvrir cet endroit. Et si des personnes vivaient ici ? Les vitres cassées étant trop hautes, j’y faufile mon téléphone pour prendre quelques photos et savoir ce que ces bâtiments cachent. Je me décide enfin à grimper quelques marches pour accéder à une porte entrouverte qui ne cesse de claquer par le vent. En poussant celle-ci, des piles de papiers, de documents et de matériel bureautique recouvrant le sols s’envolent. J’avance et rentre dans une pièce à la pagaille chaotique, les étagères sont renversées, les vieux ordinateurs retournés et seule une chaise se tient droite, au milieu de la pièce. Sa solitude renvoie un aspect dramatique à toute la pièce. Je balaie des yeux l’environnement dans un silence presque absolu et contemple la scène, à la recherche d’indices. Soudain, un bruit sourd se fait entendre. Je sursaute et mon coeur s’emballe quelques instants avant de comprendre que ce n’est que mon téléphone. Je n’avais pas vu l’heure passer, il est temps de rejoindre le groupe.


J’ai toujours été attirée par l’interdit. Ma curiosité me pousse, chaque fois, à franchir les barrières qui se dressent devant moi.
Cette série est pensée comme Ia découverte progressive d'un lieu. Je cherche å m'approcher, me rapprocher (échelle) de ce qui com-
pose cet espace. Site périphérique, å l'Est de Paimboeuf, l'ancienne usine Kuhlmann, aujourd'hui accueille une nouvelle activité (Aretzia). Le paysage observé témoigne de son occupation partielle. Entre bâti et végétation, l'identité du site persiste. En arrivant devant Ie grand portail métallique de l'usine, la froideur du minéral et du Ciel me marque, les nombreux panneaux indicatifs m'impressionnent et me questionnent sur ce que peut renfermer ce site classé. Entre les grillages, barbelés et hauts murs, j'entrevois Ie lieu. Un grand bâtiment en longueur, rouge et jaune, se dresse devant moi. II semble peu entretenu. En tournant Ia tête, des pins se dessinent. Quelques minutes me suffisent pour me rendre compte de I'état de friche des espaces extérieurs. L'herbe coupée, sèche et éparse trace les principaux chemins bitumés. Je tente alors de faire Ie tour du site, je veux me rendre compte de l'espace qu'il occupe. Plus loin, je m’arrête, je ne vois rien, rien qui
me renvoie directement ä l'activité que renferme cette usine. Je m'accroupis donc, mon attention se porte alors sur ce qui se trouve ma portée, les limites du sites. Tantôt opaques tantôt percées par le grillage. Des ronces, fleurs sauvages s’entremêlent et défient les limites physiques du site. Elles se glissent au travers des failles, au-dessus de ces murs.A vouloir voir au delà du premier plan, je n'avais pas remarqué ces détails. Pouvant paraitre anodins, mais qui me renvoient å Ia matérialité riche de ce paysage.


L’homme déambule. Les limites du paysage indiquent des chemins à suivre, entre nature et urbain, sans que l’on puisse deviner vers quoi on se dirige. Le manque de vie propose des vues très factuelles où le paysage traduit du temps qui passe. Ce sont des cartes postales qui racontent l’histoire d’une ballade à travers le décor paimblotin entre ciel et terre. Le cadre des photos pose les limites du paysage qui s’arrête là où on peut le voir malgré la difficulté de pouvoir lire au delà de l’horizon. Le ciel menaçant instaure une ambiance pesante qui dessine distinctement les contours des formes naturelles et artificielles.
Aux marges de Paimboeuf, on trouve une zone d’activité. Une urbanité de l’entre-deux, où coexistent dispositifs techniques et ruralité. Une multiplicité d’aménagements. Le cheminement tout d’abord, du sentier à la route, une expérience piétonne de l’ordre du transitoire, on s’arrête peu dans
cette zone où la rationalité domine. A la périphérie des parcelles de cette zone d’activité, la nature se révèle, dans un état que l’on pourrait peut-être qualifier de friche. Un paysage qui ne semble pas contraint en contraste avec la zone d’activité qui le borde.La route qui mène à la commune fait partie de l’identité du territoire. Certains habitants revendiquent cette localisation au bord de la départementale, en fixant des plaques automobiles sur les murets délimitant leur propriété. Aux abords de cette zone commerciale, l’ambiance qui se dégage de la commune se dessine. Des toits de tuile, des jardins aménagés, on devine une appropriation du territoire. Il est intéressant de s’arrêter sur le peu qualifié dans une ville. Dans cette zone de l’utilitaire. Le vide laissé est en attente, d’un jour accueillir une nouvelle activité, une infrastructure, un bâtiment. Ou peut-être pas. Ce vide nous parle aussi de ce qui est laissé en suspens. Des questions ouvertes sur l’aménagement potentiel de ces zones. Qu’est-ce qu’on laisse à voir aux usagers ? Des étendues de terre, des talus en friche au loin, des lignes électriques. La vie aux abords d’une route. S’ancrer sur le passage donne aux maisons un attrait particulier. Se placer en retrait pour éviter la contrainte. L’abord de Paimboeuf, c’est cette coexistence du déterminé et du pas encore.
Il est intéressant de s’arrêter sur le peu qualifié dans une ville. Dans cette zone de l’utilitaire. Le vide laissé est en attente, d’un jour accueillir une nouvelle activité, une infrastructure, un bâtiment. Ou peut-être pas. Ce vide nous parle aussi de ce qui est laissé en suspens. Des questions ouvertes sur l’aménagement potentiel de ces zones. Qu’est-ce qu’on laisse à voir aux usagers ? Des étendues de terre, des talus en friche au loin, des lignes électriques. La vie aux abords d’une route. S’ancrer sur le passage donne aux maisons un attrait particulier. Se placer en retrait pour éviter la contrainte. L’abord de Paimboeuf, c’est cette coexistence du déterminé et du pas encore.
Cette carrière est un endroit que j’ai immédiatement qualifié comme hors de portée, notamment avec la multitude des panneaux de ‘’défense de circuler’’ et la brume qui à un moment allait presque m’empêcher de continuer, un sentiment de mystère s’accentuait au fur et à mesure que je m’approchais. Ce qui a attiré mon attention dans ce lieu particulièrement c’est les chemins qui longent la carrière et forment un dédale de multiples strates, chacune prenant une direction et orientation différente, la première prise est l’entrée de la carrière qui est de l’ordre du plus simple, relativement propre, ensuite viennent les chemins qui m’ont le plus intéressé ou on voit les petites pierres et ou la boue est plus présente et quand une fente de lumière frappe, cela donne un effet très propre au sentiment que m’a procuré ce lieu, presque un ressenti d’écrasement. Car la grandeur du lieu m’a totalement dominée. Et là je revient à l’espace le plus bas ou est plus concentrée l’exploitation qu’on voit sur la troisième prise qui avec la matérialité sombre et brute des alentours et des restes d’explosion crée un reflet dans sa partie la plus claire qui garde un sentiment de clarté au milieu de cette exploitation très obscure et profonde.
Du fait de sa petite superficie et de ses délimitations, m’offre une vision prolongée à ses contours et plutôt courte à l’intérieur de ses rues. Je ressens donc une forte liberté de vue qui s’étend de près sur une rive Nord bordée par la Loire, puis au loin par des étendues de terre. La limite Sud est assurée par la Départementale qui sépare la zone fortement bâtie du centre de cette Commune d’une vaste prairie. Je ressens donc une forte muraille naturelle et je me sens un peu perdu d’autant plus qu’il se met à pleuvoir et la question du refuge se pose. Où sont les jeunes? Où vont-ils? Comment je peux m’habiter de pluie qui renforce ce cloisonnement naturel que je ressens depuis d’autant plus que les vents s’intensifient. Je suis envahi par ses questionnements sur les éléments naturels qui m’oppressent et je ne compte pas fuir mais je recherche un refuge en son sein pour y trouver du calme. Une petite cabane au jardin étoilé m’accepte, de plus que ma parcelle à étudier est elle aussi emprisonnée et inaccessible. Je la vois à travers une grille sur laquelle est marquée interdit au Public. Après avoir essayé d’y accéder par 3 autres entrées mais en vain, je reviens à mon petit refuge et j’écoute.J’entends, il Pleut. Le vent Souffle. Les herbes sifflent et les pierres se purifient.
Suis mon doigt. C’est un grand terrain de nulle part. Goudronné au milieu des brins, sans béton ni crépis, sans Audi ni Punto, ni 308 de VRP, ni Ducato. Mais oui bien entendu maillé de fines loupiotes et de passages de peinture en attente de petits bonhommes noirs et blancs ou bleus. A quand les vrombissements ? Les déboulés crissants et les garages au freins à main de fin de journée ? Les presses et les coups de fil, les ITT ? Et désormais que le risque est pris, que les paris sont lancés, si le carnet de commande se vide, que ça dégénère, rentrera-t-on un jour plus tôt à la maison en empruntant ces longs trottoirs toujours vides aux heures de pointes ? «On a déjà joué de ce grillage du bout des doigts, c'est sûr !» Elles sont loin les roselières. «Heu, excusez, c'est Carquefou ou Rezé ici ? Ah mais Saint-Viaud, exact, on s'y méprendrait, pas loin hein, ça va.» Plus que treize ans de marche, ça va... Encore treize automnes et douze printemps : tout juste de quoi stocker l'aseptisé et livrer les polyuréthanes, et thylènes, et styrènes et carbonates à qui voudra. Et la liste est encore longue ! Il se dit à la pause café que le carnet est blindé. Tant mieux. Toute la journée ils phosphorent et s'agitent à qui pourra sans faillir charbonner au turbin. Se plaindre n'est pas faillir. Et je ne pense pas me tromper en pointant le lointain, j'ai envie de leur dire : «Eh ! Suis mon doigt...» mais ce n'est qu'un amas de fer qu'ils voient.
Perdu, je longe la départementale dans l’espoir de retrouver mon chemin. Des minutes passent, je me perds dans mes idées. BROOOOOMMMMM ! un bruit assourdissant éveilla mes sens. Y a-t-il des chemins de fer à coté ? Ma curiosité l’emporte et je me lance dans une quête pour découvrir l’origine de ce bruit. Je me rapproche, je crois que je suis sur le bon chemin ! C’est derrière ces arbres que se bruit prend naissance. Je dois m’en approcher encore plus ! Qu’est ce que c’est ? Ce n’est pas un train ! C’est impossible ! la fréquence est beaucoup trop élevée. Ce bruit qui se répète sans cesse est tantôt masqué par les arbres denses qui barres ma routes et tantôt renforcé, emporté plus loin par le vent soufflant. Je dois me rapprocher, mais comment ? Peut être devrais-je suivre cette ligne plantée d’arbres et d’arbustes ? Serais-je capable de les contourner ? Ahhh ! je ne peux plus contrôler mon esprit ! Mais qu’est ce que c’est ? Soudain, l’horizon apparaît. Mais quand ai-je contourner ce mur de plantes qui repoussait mon chemin ? Et que suis-je entrain de voir? C’est une carrière. Et le bruit qui m’a tant perturbé est celui du choc entre le marteau métallique et la roche résistante. Un bruit, un écho qui vient perturber le silence, le vide dont se caractérise cette partie rurale.

Enquête photographique
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